Gel et dégel rapide ont fait pourrir les betteraves: "l’intérieur devient spongieux. On retrouve alors une gélatine dans le process qui bloque la filtration." Techniquement, "le saccharose se dégrade en dextrane. C’est une gomme qui vient colmater les filtres."
Selon la CBB (Confédération betteravière belge), environ 1 000 hectares de betteraves devraient être détruits. Cela concerne des champs qui n’ont pas encore été arrachés ou qui l’ont été juste avant le gel mais n’avaient pas eu le temps de sécher sur le tas. "C’est une crise sans précédent", estime Bruno De Wulf, secrétaire général de la CBB. La question se pose de savoir comment indemniser les producteurs qui vont subir une perte sèche. "C’est la faute à personne. Il faudra peut-être faire jouer la solidarité entre les planteurs." La CBB compte aussi demander aux usines (la RT et le groupe ISCAL) de participer à cet effort. "Si on est avec des betteraves qui n’ont pas été arrachées, c’est parce que les sucreries ont allongé les campagnes de récolte. " Les dégâts seraient d’ailleurs plus importants du côté des producteurs de la sucrerie ISCAL (dans le Tournaisis) en raison d’une politique de bâchage différente de celle de la RT.
Au niveau des usines, plusieurs solutions ont été prises afin de pouvoir travailler les betteraves déjà arrachées. Depuis que les problèmes de traitement sont survenus, les sucreries ont été contraintes de tourner au ralenti.
Le stockage sur les usines a été réduit afin de traiter les betteraves en direct car, "dans un grand silo, elles se dégradent plus vite," confirme Guy Paternoster. Raison pour laquelle les transporteurs ont réduit le rythme d’approvisionnement.
Trier directement les betteraves pourries
Les tas de betteraves dans les champs vont aussi être triés avant chargement. Une grue pèlera et écrémera la partie abîmée du tas. "Cela peut aller de 0 à maximum 5% du tas."
Peut-on parler de circonstance exceptionnelle ? "On avait déjà connu ce type de problème il y a une vingtaine d’années. Mais les tas étaient moins bien protégés que maintenant."
Une usine française du groupe Südzucker, qui venait de terminer sa saison, va aussi réceptionner une partie de la production belge afin d’accélérer le process.
Pour le groupe sucrier allemand, cet allongement de la campagne a un impact financier. Mais Guy Paternoster affirme que ces difficultés dans la production n’auront pas d’effet sur le prix.
Quelle indemnisation
La question à régler, c’est de déterminer l’indemnisation qui va être payée pour les betteraves qui ne seront pas traitées ou arrachées. "C’est trop tôt pour le dire", confirme le représentant de la Raffinerie tirlemontoise.
Du côté de la CBB, dans un mail adressé samedi 7 janvier à ses membres, elle confirmait que le tri des betteraves pourries, même si la solution était "extrême", devait être considéré comme "la seule solution. Nous ne pouvons que soutenir la démarche."
La CBB n’a pas encore de solution d’indemnisation à proposer. " T ous les planteurs de betteraves doivent être payés de toutes leurs betteraves. Il est clair que lorsque la campagne sera normalisée, il sera indispensable de, premièrement, réfléchir et déterminer des formes de compensations: les planteurs qui ont respecté les consignes des accords ne sont pas responsables de la situation.
Et, deuxièmement, tirer les enseignements nécessaires pour qu’une situation pareille ne se produise plus. "